13 de abril de 2011

Quelques notes sur la bataille de La Lys


Neutre jusqu'en 1916, le Portugal vit dans l'entrée en guerre aux côtés des Alliés la possibilité de contrer les visées allemandes sur ses colonies africaines du Mozambique et de l'Angola, et l'espoir d'une reconnaissance par ces mêmes Alliés de son nouveau régime républicain. La saisie au Portugal de navires allemands, qui profitaient de la neutralité du pays pour s'y ravitailler, provoqua un ultimatum, suivi d'une déclaration de guerre de l'Allemagne (8-9-10 mars). L'engagement dans la guerre mondiale constitua, dans l'instabilité de la jeune république, un moment d'unité nationale.

Le 1er février 1917, le premier contingent de la 1ère division d'infanterie (Ve D.I.) portugaise débarquait à Brest. Une semaine plus tard, il arrivait dans le Pas-de-Calais, à Aire-sur-la-Lys, sur le front tenu par l'armée britannique. La 2e D.I. la rejoignit et ces deux divisions constituèrent le corps expéditionnaire portugais (C.E.P.) commandé par le général Tamagnini de Abreu. Les troupes portugaises allaient combattre au sein du 2e corps de l'armée anglaise. Des liens traditionnels militaires, depuis Wellington et la guerre de la péninsule Ibérique en 1807-1813 contre les troupes napoléoniennes, unissaient l'Angleterre et le Portugal.

Du 11 au 16 octobre 1917, le président de la République, B. Machado, son président du Conseil, A. Costa, et le ministre Soares, effectuèrent un voyage officiel en France. Ils parcoururent le front, visitèrent Verdun puis rejoignirent le Q.G. du C.E.P. à Nesles où une conférence réunit les responsables civils et militaires portugais, le général Pétain, le ministre Ribot et sir D. Haig, généralissime anglais. En novembre, le C.E.P. prit en charge un secteur entre Arras et Armentières où il mena une guerre de tranchées très pénible. Il livra des combats de soutien à l'offensive anglaise contre Cambrai. En janvier 1918, près de 40 000 hommes combattaient en France.

Le 9 avril 1918, l'offensive allemande " Georgette ", se déclencha dans les Flandres, au sud-ouest d'Armentières. À 7 h 30, après une écrasante préparation d'artillerie de 493 batteries, pendant cinq heures, avec des gaz de combat, les fantassins de la 6e armée impériale du général Von Quast se lancèrent à l'assaut. Les lre et 2e D.I. portugaises, commandées par les généraux da Costa et S. Machado, effectuaient leur relève lorsque l'attaque ennemie disloqua leur front. Affaiblies par des mois de lutte dans la boue des tranchées, en sous-effectif, elles étaient, de plus, atteintes moralement par le détournement britannique des navires au service du C.E.P. au profit des unités américaines.

L'effort allemand se concentra autour de La Bassée, à Bois-Grenier, contre le front tenu par les Portugais et la 40e D.I. britannique. Assez rapidement, les assaillants enlevèrent Neuve-Chapelle, Richebourg, Laventie où les Portugais les retardèrent, puis atteignirent la Lys. Au sud, la 55e D.I. anglaise résista à tous les assauts et conserva Givenchy, alors que le centre de la lre armée britannique du général Horne était enfoncé sur une profondeur de 10 km. 6 000 hommes furent capturés.

A la fin de cette journée, lorsque les Portugais se replièrent, ils comptaient 327 officiers et 7 098 hommes tués, blessés ou disparus.

Le 10 avril, la 4e armée du général Von Armin attaqua le saillant d'Ypres. Dans la plaine de la Lys, les 13e et 15e régiments d'infanterie portugais s'accrochèrent à La Couture, défendant avec acharnement le village, aux côtés des Ecossais. Malgré cette vigoureuse résistance, les Allemands atteignirent la Lys le lendemain, la franchirent largement et avancèrent vers les monts de Flandres. Epuisés, les combattants anglais et portugais de la lre armée se replièrent vers Bailleul en ne cessant cependant de lutter.

Les Français arrivèrent en renfort. Foch jeta un corps de cavalerie et cinq divisions d'infanterie dans la bataille. Sous les ordres du général de Mitry, ils arrêtèrent les troupes allemandes. Par la suite, le reste des troupes portugaises devait être intégré dans les forces britanniques. En majorité capturés en avril 1918, les prisonniers de guerre portugais furent 7 740 à être internés jusqu'à l'armistice dans des camps en Allemagne.

Au cours de cette guerre, le Portugal avait mobilisé 108 100 hommes. Il en perdit 35 623, tués ou blessés, sur le front Ouest (plus de 8 000 morts), sur mer, et en Afrique contre les Allemands du général Von Let-tow-Vorbeck. Ce dernier, vaincu par les Anglais en Afrique-Orientale, mena cependant la guérilla jusqu'en Mozambique.

Source : MINDEF/SGA/DMPA