Premier prix Nobel du monde lusophone en 1998, José Saramago est un écrivain de la maturité, reconnu à l’âge de 60 ans avec Soulevé de terre (Levantado do chão). Un livre hommage à la vie des paysans de l’Alentejo, à ses grands parents éleveurs de porcs et analphabètes, près desquels il passa une partie de son enfance.
La pauvreté, l’injustice du régime dictatorial de Salazar (Saramago a 10 ans lorsque celui-ci prend le pouvoir) seront les ferments dès l’après-guerre d’une œuvre engagée, entre essais politiques et chroniques, qui ne connaîtra qu’un très faible écho au Portugal. L’époque est au néo-réalisme, la littérature ne peut être que de témoignage…
L’ancien serrurier gagne sa vie au Diário de Noticias et milite au Parti Communiste Portugais, interdit par le régime.
Lorsque la Révolution des œillets, à laquelle il participe activement, sonne le glas du régime salazariste en 1974, c’est une libération pour l’imaginaire du romancier.
Licencié en 1975 du Diário pour raison politique, il se lance dans la traduction et revient donc à la littérature par le roman.
Le succès, il l’obtient enfin en 1980 avec "Levantado do chão" ; il ne dépassera toutefois pas les frontières du Portugal. Avec "Le dieu manchot" deux années plus tard, puis "L’année de la mort de Ricardo Reis" il connaît la consécration et impose son style : des romans où la fiction explore le réel, où l’histoire questionne le présent. Des romans qui donnent surtout matière à penser et interpellent le lecteur placé au cœur du récit par le truchement d’une prosodie singulière, directe, où le point est banni.
Auteur engagé, en ce sens que son œuvre est profondément ancrée dans la société de son temps, l’homme ne l’est pas moins. Censuré par l’Etat portugais suite à la publication de son « blasphématoire » Evangile selon Jésus-Christ en 1991, il quitte Lisbonne pour s’installer à Lanzarote (Îles Canaries). L’obtention du prix Nobel quelques années plus tard (1998) n’atténuera pas sa soif de lutte pour plus d’humanité, tant sur la question palestinienne que sur celle des ravages du capitalisme.
Mais derrière le romancier à l’atmosphère suffocante et le héraut médiatique à l’accent volontiers provocateur, se cache un homme d’une extrême sensibilité, humilité.
« Je voudrais que l’on garde simplement de moi l’image d’un homme bon », confessera t-il à la veille de sa disparition.
08 José Saramago (Portugal) Sur la démocratie
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